Véronique, juriste et mère de famille

Voici le témoignage de Véronique, licenciée en droit, mariée, mère de six enfants, habitant le Brabant Wallon. Elle est membre surnuméraire de l’Opus Dei.

Véronique avec Damien, un de ses enfants

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’Opus Dei ?

Il faudrait plutôt me demander tout ce qui, du moins initialement, m’a éloignée de l’Opus Dei. J’ai connu mon futur mari en première année de droit, à Bruxelles. C’est lui qui m’a fait connaître l’Œuvre. Le pauvre n’a pas rigolé : des préjugés avaient fait de moi une opposante farouche de cette institution. Au point que je lui ai même lancé un ultimatum : ce serait l’Opus Dei ou moi ! De ce point de vue, je me reconnais un peu en saint Paul, avec le « saint » en moins : tout le mal que j’ai pu dire contre cette institution de l’Eglise, je l’ai dit … avant de changer d’avis. Car le Seigneur avait d’autres projets : mon fiancé a demandé l’admission à l’Opus Dei —l’« ultimatum » avait été levé…— et j’ai fait de même peu après.

Mais qu’est-ce qui vous a fait changer de façon si radicale ?

Un jour, mon fiancé m’a organisé un rendez-vous avec un prêtre de l’Œuvre, celui qui avait commencé l’Opus Dei en Belgique, en 1965. Je n’avais aucune envie d’y aller. Mais, pour ne pas faire perdre la face à celui que j’aimais, j’y suis allée. Cette conversation m’a beaucoup marquée. J’ai commencé à fréquenter Neussart, la résidence d’étudiantes à Louvain-la-Neuve. De fil en aiguille, j’ai participé à une retraite, où l’on priait mais où on riait beaucoup aussi, car le prêtre qui la prêchait était très drôle.

Mais cela n’explique pas encore que vous ayez voulu faire partie de l’Œuvre ?

Je viens d’une famille catholique pratiquante, mais j’ai toujours regretté de ne pas trouver de réponses aux questions que ma foi soulevait. La formation qu’on donnait à Neussart permettait d’approfondir sérieusement la foi, de ne pas en rester aux connaissances du catéchisme de la première communion.

Et puis j’ai découvert la figure de saint Josémaria, en lisant « Au pas de Dieu », l’une des premières biographies du fondateur de l’Opus Dei. Cette lecture m’a bouleversée : j’y ai découvert un homme amoureux fou de Jésus-Christ, qui était pour lui une personne concrète, avec une voix et un visage. Une personne vivante aujourd’hui, qui se donne à moi chaque jour dans l’Eucharistie, que je fréquente dans la prière et que je peux aimer dans et à partir de mes activités quotidiennes. Toute une découverte !

Un peu plus tard, peu avant notre mariage, nous avons eu l’occasion de rencontrer le successeur de saint Josémaria, Mgr Alvaro del Portillo, de passage à Paris, puis à Bruxelles, en septembre 88. Nous avons participé à une réunion dans un grand hôtel parisien, où, devant un large public, il a notamment parlé des fiançailles, d’une façon qui nous a enthousiasmés. A Paris, nous avons logé chez des surnuméraires, des personnes rayonnantes, bien dans leur peau, avec une famille nombreuse : l’ambiance de cette maison nous a impressionnés.

Un jour j’ai confié à une personne de l’Œuvre la conviction qui avait grandi en moi : la vie chrétienne renferme un appel à vivre la sainteté dans la vie de tous les jours. Elle m’a fait observer : « Si tu penses ainsi, c’est peut-être parce que le Seigneur t’invite à vivre la vocation à l’Œuvre ».

Et aujourd’hui, vingt ans après ?

J’approfondis tous les jours le message qui m’a marqué à la fin des années 80 : l’invitation à imiter les trente années de vie cachée de Jésus, là où je suis, avec mon mari, mes enfants, mes amies. Je ne me sens pas appelée à partir en mission au bout du monde : je vis ma « mission » en Belgique, dans mon foyer, dans mon travail, dans mes engagements sociaux. C’est là aussi que je vis mon apostolat chrétien.

On peut tendre vers la sainteté en tâchant d’offrir au Seigneur son travail bien fait, ses loisirs, ses obligations sociales, le temps passé avec les enfants. Et on peut offrir tout cela pour des intentions concrètes (parents, amis, les intentions du pape, etc.) Le travail réalisé ainsi devient prière. Il n’y a pas d’un côté la vie chrétienne (la messe, la prière, …), et, de l’autre, la vie « matérielle » (tout le reste). Tout cela ne forme qu’une seule et même réalité. Etre de l’Opus Dei, pour moi, c’est vivre avec les deux pieds sur terre, mais avec la tête et le cœur au ciel.

Ce qui donne cohésion aux multiples facettes de ma journée, c’est l’Eucharistie, la rencontre avec Jésus, où mon travail quotidien trouve sa place sur la patène, au moment de l’offertoire, quand le prêtre offre le fruit de la terre (ou de la vigne) et du « travail des hommes », qui devient la matière de ce grand cadeau que Jésus fait de lui-même et de nous tous au Père.

Je tâche de fréquenter Jésus tous les jours dans la prière, et de vivre dans la présence de Dieu que j’ai appris à percevoir comme un Père, qui m’aime et me regarde avec confiance.

Enfin, je fais tous les jours l’expérience d’une autre idée centrale de saint Josémaria : la liberté et la responsabilité personnelles. L’Opus Dei m’aide à vivre de façon cohérente ma foi, ce qui suppose d’assumer en toute liberté et responsabilité mes choix personnels dans mon foyer, mon travail professionnel, mes engagements dans la société, etc.