Verité et relativisme

Le dimanche 1er mars, 20 étudiants universitaires de Gand, Anvers, Louvain, Bruxelles et Louvain-la-Neuve se sont réunis dans la région d’Alost (Borsbeke) pour une journée bilingue d’étude et de débat sur le thème « vérité et relativisme ». Cette initiative est due aux résidences universitaires Bauloy (Louvain-la-Neuve) et Arenberg (Leuven)

Le premier thème, développé par Vincent Delannoy, licencié en philosophie et lettres, a porté sur le statut de la vérité dans une société dominée par le sentimentalisme. Après avoir relevé les expressions sociales de la dominance sentimentale dans nos sociétés occidentales, l’orateur s’est interrogé sur ses origines historiques, en distinguant trois jalons importants : le nominalisme d’Occam, l’épistémologie de Kant, le courant culturel et artistique du Romantisme. Autant d’étapes qui, en limitant les prétentions de la raison humaine, ouvrent la voie au sentimentalisme. En définitive, a-t-il montré, le mode de fonctionnement de nos sociétés s’avère la traduction sociale du relativisme épistémologique et moral.

En juriste, Etienne Montero, professeur de droit, s’est interrogé sur la place des convictions morales et religieuses dans la sphère publique : qu’en est-il de la libre expression des convictions religieuses, comment comprendre le principe de laïcité de l’État, quels sont les rapports entre l’éthique et le droit, quelle est la nature de la démocratie et comment se maintient-elle ? En guise de conclusion, après un exposé émaillé d’exemples concrets tirés de discussions très actuelles, il a souligné l’importance des convictions comme condition nécessaire à la tenue d’un débat véritablement démocratique. 

Quels rapports entretiennent le relativisme et le christianisme ? Les religions n’ont-elles pas toutes la même valeur et leur prétention à la vérité n’est-elle pas indue ? Dans son exposé, l’abbé Jacques Leirens, docteur en philosophie, a souligné l’actualité de ces questions. Si le pluralisme religieux s’avère effectivement un fait culturel, social et historique, celui-ci constitue toutefois un argument irrecevable en faveur du relativisme. Le contenu, les idées et les valeurs des traditions philosophiques et religieuses ne sont ni indifférents, ni arbitraires. Pour s’orienter, il est vrai, chaque personne possède un guide intérieur, la conscience, qui est la voix de Dieu dans l’homme. Ses exigences, qui nous obligent en conscience, permettent à chacun de se diriger vers le bien et le salut.

Les trois exposés ont servi d’amorce aux débats à de passionnantes discussions qui se sont prolongées toute la journée dans un cadre informel et une ambiance détendue : dans le jardin, durant les repas, etc. Les échanges se sont déroulés en français et en néerlandais. Grâce à la bonne volonté de chacun, Daniel et Federico, respectivement américain et italien, ont pu participer sans trop de peine. Parmi les thèmes les plus discutés, l’on peut retenir la place des sentiments dans le débat public, les bases et la nature du débat démocratique, le statut de la religion et sa place dans l’espace public. Enchantés par cette expérience, les participants se sont d’ores et déjà donné rendez-vous en septembre pour une troisième édition de ces rencontres. Certains, plus impatients, se sont déjà réunis avec quelques amis pour approfondir quelques-uns des thèmes abordés lors de la journée d’étude.