Le choix de la Mère

En ce mois de mai, mois traditionnellement consacré à la Vierge Marie dans l'Eglise, nous vous proposons cette lecture sur Marie, mère de Dieu

Le choix de la Mère

L'Immaculée Conception de Pompeo Batoni (Rome, 1750)

« Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l'amour du Père pour être l'Arche de l'Alliance entre Dieu et les hommes » (pape François, Le Visage de la Miséricorde, 11/04/15 §24). La miséricorde paternelle se révèle somptueuse : en nous donnant son Fils unique (Jean 3, 16), « comment pourrait-il ne pas nous donner tout ? » (Romains 8, 32). De façon poétique, la naissance éternelle du Verbe, « prototype de toute autre » (saint Thomas, Sur le Livre de la Trinité §3), est comparée à la rosée matinale, par la liturgie de Noël (Messe de minuit, antienne d'entrée). « Le Fils du Très Haut » (Luc 1, 32), engendré dans le sein immaculé du Père, a pris chair dans le sein virginal de Marie par l'action du Saint-Esprit.

Depuis le concile d'Éphèse, « le dogme de la maternité divine de Marie est pour l'Église comme un sceau authentifiant le dogme de l'Incarnation » (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur §4).

« Ô bienheureuse toujours, toute immaculée et Mère de notre Dieu. Toi qui es plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, toi qui sans souillure as engendré Dieu le Verbe » (Liturgie de saint Jean Chrysostome). Sans hyperbole, la Mère de Dieu est un don grandiose du Créateur : « l'enfant préférée de Dieu, la plus aimée et la plus proche de lui » (J.-H. Newman, Le mois de mai, introduction §2). « Mère du Fils de Dieu, elle est, par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit ; par le don de cette grâce suprême, elle dépasse de loin toutes les autres créatures dans le ciel et sur la terre » (Concile Vatican II, Lumen Gentium §53).

L'Esprit a modelé sa personnalité féminine, pour qu'elle soit mère et éducatrice du Maître Souverain. Elle a été « le chef d'œuvre de l'Esprit Saint, les prémices de la nouvelle création » (Messe « Marie, la femme nouvelle », prière) ; Dieu lui a donné « un cœur nouveau pour obéir jusqu'aux moindres suggestions de l'Esprit » (idem, après la communion).

Sa miséricorde de Mère, « en parfaite syntonie avec celle de son Fils Jésus » est porte grand ouverte pour chaque fils prodigue,

La grandeur de « la pleine de grâce » (Luc 1, 29) se mesure aussi à l'aune de son parcours sans faute : préservée de toute souillure ; donnant chair et sang au Verbe ; servante empressée ; féconde dans ses fils d'adoption. « Marie est la mère qui, avec patience et tendresse, nous conduit à Dieu, afin qu'il dénoue les nœuds de notre âme avec sa miséricorde de Père » (pape François,Prière, 12/10/2013).

Sa miséricorde de Mère, « en parfaite syntonie avec celle de son Fils Jésus » (pape François, Le Visage de la Miséricorde §24) est porte grand ouverte pour chaque fils prodigue, qui l'invite à embrasser, dans les larmes joyeuses du repentir, les bras sanctificateurs du Père. Marie devient la « Porte du sanctuaire » (Ézéchiel 44, 1-2) louée par la liturgie byzantine : « Réjouis-toi, en ta chair s'ouvre la Porte qui conduit au Père ! » (Hymne Acathiste). L'Immaculée Conception de Pompeo Batoni (Rome, 1750) illustre audacieusement le choix du Père des miséricordes : le Verbe, engendré dans son intimité éternelle, sera engendré à la plénitude des temps, en tant qu'homme, dans les entrailles saintes de l'Élue d'Israël.

Abbé Antoine Fernandez