La joie de l’amour sincère et vrai

A l’occasion du premier anniversaire de Amoris Laetitia, nous vous proposons de (re-)découvrir quelques citations de l’Exhortation apostolique pour alimenter votre prière.

Le 19 mars marque le premier anniversaire de la publication de l’Exhortation apostolique du Pape FrançoisAmoris Laetitia. Profond hommage à l’amour humain en harmonie avec l’amour de Dieu, ce texte nous aide à méditer sur la plus importante des vertus : la charité.

A l’occasion de ce premier anniversaire, nous vous proposons redécouvrir ce magnifique texte à travers une sélection de brèves citations. Loin de prétendre donner accès aux points les plus importants, cette sélection se veut une présentation didactique autour de grand thèmes (l’amour, le mariage, les enfants, la famille, Dieu, l’église, la famille, etc.) permettant de faire connaître et de diffuser ce texte magistériel. Qui sait ? Peut-être que ces quelques morceaux choisis donneront envie à certains de se replonger dans Amoris Laetitia ou de le lire pour la première fois.

Amour

. Dans la perspective de l’amour, central dans l’expérience chrétienne du mariage et de la famille, une autre vertu se démarque également, quelque peu ignorée en ces temps de relations frénétiques et superficielles : la tendresse.

. L’amour vécu dans les familles est une force constante pour la vie de l’Église.

. L’amour a toujours un sens de profonde compassion qui porte à accepter l’autre comme une partie de ce monde, même quand il agit autrement que je l’aurais désiré.

. L’amour nous porte à un sentiment de valorisation de chaque être humain, en reconnaissant son droit au bonheur. J’aime cette personne, je la regarde avec le regard de Dieu le Père qui nous offre tout « afin que nous en jouissions »

. Celui qui aime, non seulement évite de parler trop de lui-même, mais en plus parce qu’il est centré sur les autres, il sait se mettre à sa place sans prétendre être au centre.

. Aimer c’est aussi être aimable.

. L’amour n’œuvre pas avec rudesse, il n’agit pas de manière discourtoise, il n’est pas dur dans les relations. Ses manières, ses mots, ses gestes sont agréables et non pas rugueux ni rigides. Il déteste faire souffrir les autres.

. L’amour aimable crée des liens, cultive des relations, crée de nouveaux réseaux d’intégration, construit une trame sociale solide.

. Celui qui aime est capable de dire des mots d’encouragement qui réconfortent, qui fortifient, qui consolent, qui stimulent.

. Quand une personne qui aime peut faire du bien à une autre, ou quand il voit que la vie va bien pour l’autre, elle le vit avec joie, et de cette manière elle rend gloire à Dieu.

. Il m’aime comme il est et comme il peut, avec ses limites, mais que son amour soit imparfait ne signifie pas qu’il est faux ou qu’il n’est pas réel. Il est réel, mais limité et terrestre.

. L’amour fait confiance, il préserve la liberté, il renonce à tout contrôler, à posséder, à dominer. Cette liberté qui rend possibles des espaces d’autonomie, d’ouverture au monde et de nouvelles expériences, permet que la relation s’enrichisse et ne se transforme pas en une endogamie sans horizons.

. L’amour ne se laisse pas dominer par la rancœur, le mépris envers les personnes, le désir de faire du mal ou de se venger. L’idéal chrétien, et particulièrement dans la famille, est un amour en dépit de tout.

. Après l’amour qui nous unit à Dieu, l’amour conjugal est « la plus grande des amitiés ».

. Soyons sincères et reconnaissons les signes de la réalité : celui qui aime n’envisage pas que cette relation puisse durer seulement un temps.

. Dans le mariage il convient de garder la joie de l’amour. Quand la recherche du plaisir est obsessionnelle, elle nous enferme dans une seule chose et nous empêche de trouver un autre genre de satisfaction. La joie, en revanche, élargit la capacité de jouir et nous permet de trouver du plaisir dans des réalités variées, même aux étapes de la vie où le plaisir s’éteint.

. Dans la société de consommation, le sens esthétique s’appauvrit, et ainsi la joie s’éteint. Tout est fait pour être acheté, possédé ou consommé ; les personnes aussi. La tendresse, en revanche est une manifestation de cet amour qui se libère du désir de possession égoïste. Elle nous conduit à vibrer face à une personne avec un immense respect et avec une certaine peur de lui faire du tort ou de la priver de sa liberté.

. L’amour de l’autre implique ce goût de contempler et de valoriser le beau et la sacralité de son être personnel, qui existe au-delà de mes nécessités.

. L’expérience esthétique de l’amour s’exprime dans ce regard qui contemple l’autre comme une fin en soi, même s’il est malade, vieux ou privé d’attraits perceptibles.

. Les gestes qui expriment cet amour doivent être cultivés constamment, sans mesquinerie, accompagnés par des paroles d’affection.

. Les mots adéquats, dits au bon moment, protègent et alimentent l’amour, jour après jour.

. L’amour surpasse les pires barrières.

. La virginité et le mariage sont, et doivent être, des manières différentes d’aimer, parce que « l'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la révélation de l'amour ».

. Le célibat court le risque d’être une solitude confortable, qui donne la liberté de se mouvoir avec autonomie, pour changer de lieux, de tâches et de choix, pour disposer de son argent personnel, pour fréquenter des personnes variées selon l’attrait du moment. Dans ce cas, le témoignage des personnes mariées resplendit. Ceux qui ont été appelés à la virginité peuvent trouver dans certains couples un signe clair de la généreuse et inébranlable fidélité de Dieu à son Alliance, qui invite les cœurs à une disponibilité plus concrète et oblative.

. L’amour que nous nous promettons dépasse toute émotion, tout sentiment et tout état d’âme, bien qu’il puisse les inclure. C’est une affection plus profonde, avec la décision du cœur qui engage toute l’existence.

. L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation.

. Chaque crise cache une bonne nouvelle qu’il faut savoir écouter en affinant l’ouïe du cœur.

. Parfois, on aime d’un amour égocentrique propre à l’enfant, figé à une étape où la réalité est déformée et où on se laisse aller au caprice selon lequel tout tourne autour de soi. C’est un amour insatiable, qui crie et pleure lorsqu’il n’a pas ce qu’il désire.

. L’amour a une intuition qui lui permet d’écouter sans sons et de voir dans l’invisible.

Mariage

. D’aucune manière l’Église ne doit renoncer à proposer l’idéal complet du mariage, le projet de Dieu dans toute sa grandeur : « Les jeunes baptisés doivent être encouragés à ne pas hésiter devant la richesse que le sacrement du mariage procure à leurs projets d’amour, forts du soutien qu’ils reçoivent de la grâce du Christ et de la possibilité de participer pleinement à la vie de l’Église ».

. Nous devons trouver les mots, les motivations et les témoins qui nous aident à toucher les fibres les plus profondes des jeunes, là où ils sont le plus capables de générosité, d’engagement, d’amour et même d’héroïsme, pour les inviter à accepter avec enthousiasme et courage le défi du mariage.

. Notre enseignement sur le mariage et la famille ne peut cesser de s’inspirer et de se transfigurer à la lumière de ce message d’amour et de tendresse, pour ne pas devenir pure défense d’une doctrine froide et sans vie.

. Le sacrement de mariage n’est pas une convention sociale, un rite vide ni le simple signe extérieur d’un engagement. Le sacrement est un don pour la sanctification et le salut des époux, car « s'appartenant l'un à l'autre, ils représentent réellement, par le signe sacramentel, le rapport du Christ à son Église. Les époux sont donc pour l’Église le rappel permanent de ce qui est advenu sur la croix. Ils sont l'un pour l'autre et pour leurs enfants des témoins du salut dont le sacrement les rend participants ».

. L’union sexuelle, vécue de manière humaine et sanctifiée par le sacrement, est en retour un chemin de croissance dans la vie de grâce pour les époux.

. Dans leur union d’amour, les époux expérimentent la beauté de la paternité et de la maternité ; ils partagent les projets et les difficultés, les désirs et les préoccupations ; ils apprennent à prendre soin l’un de l’autre et à se pardonner réciproquement.

. La joie matrimoniale, qui peut être vécue même dans la douleur, implique d’accepter que le mariage soit un mélange nécessaire de satisfactions et d’efforts, de tensions et de repos, de souffrances et de libérations, de satisfactions et de recherches, d’ennuis et de plaisirs, toujours sur le chemin de l’amitié qui pousse les époux à prendre soin l’un de l’autre : ils « s’aident et se soutiennent mutuellement ».

. Certes, l’amour est beaucoup plus qu’un consentement externe, ou une sorte de contrat matrimonial ; mais il est certain aussi que la décision de donner au mariage une configuration visible dans la société, par certains engagements, a son importance : cela montre le sérieux de l’identification avec l’autre, indique une victoire sur l’individualisme de l’adolescence, et exprime la ferme décision de s’appartenir l’un l’autre.

. Se marier est un moyen d’exprimer qu’on a réellement quitté le nid maternel pour tisser d’autres liens solides et assumer une nouvelle responsabilité envers une autre personne. Cela vaut beaucoup plus qu’une simple association spontanée en vue d’une gratification mutuelle, qui serait une privatisation du mariage.

. Le mariage, en tant qu’institution sociale, est une protection et le fondement de l’engagement mutuel, de la maturation de l’amour, afin que l’option pour l’autre grandisse en solidité, dans le concret et en profondeur, et pour qu’il puisse, en retour, accomplir sa mission dans la société. C’est pourquoi le mariage va au-delà de toutes les modes passagères et perdure. Son essence est enracinée dans la nature même de la personne humaine et de son caractère social.

. Le dialogue est une manière privilégiée et indispensable de vivre, d’exprimer et de faire mûrir l’amour, dans la vie matrimoniale et familiale.

. L’unité à laquelle il faut aspirer n’est pas uniformité, mais une ‘‘unité dans la diversité’’ ou une ‘‘diversité réconciliée’’. Dans ce type enrichissant de communion fraternelle, les différences se croisent, se respectent et se valorisent, mais en conservant différentes notes et différents accents qui enrichissent le bien commun.

. Finalement, reconnaissons que pour que le dialogue en vaille la peine, il faut avoir quelque chose à dire, et ceci demande une richesse intérieure qui soit alimentée par la lecture, la réflexion personnelle, la prière et l’ouverture à la société. Autrement, les conversations deviennent ennuyeuses et inconsistantes. Quand chacun des conjoints ne se cultive pas, et quand il n’existe pas une variété de relations avec d’autres personnes, la vie familiale devient un cercle fermé et le dialogue s’appauvrit.

. L’amour matrimonial conduit à ce que toute la vie émotionnelle devienne un bien pour la famille et soit au service de la vie commune.

. Lorsque l’amour devient une pure attraction ou un sentiment vague, les conjoints souffrent alors d’une très grande fragilité quand l’affectivité entre en crise ou que l’attraction physique décline.

. Lorsque le regard sur le conjoint est constamment critique, cela signifie qu’on n’a pas assumé le mariage également comme un projet à construire ensemble, avec patience, compréhension, tolérance et générosité. Cela conduit à ce que l’amour soit peu à peu substitué par un regard inquisiteur et implacable, par le contrôle des mérites et des droits de chacun, par les réclamations, la concurrence et l’autodéfense.

. L’une des causes qui conduisent à des ruptures matrimoniales est d’avoir des attentes trop élevées sur la vie conjugale. Lorsqu’on découvre la réalité, plus limitée et plus difficile que ce que l’on avait rêvé, la solution n’est pas de penser rapidement et de manière irresponsable à la séparation, mais d’assumer le mariage comme un chemin de maturation, où chacun des conjoints est un instrument de Dieu pour faire grandir l’autre.

. Chaque crise implique un apprentissage qui permet d’accroître l’intensité de la vie partagée, ou au moins de trouver un nouveau sens à l’expérience matrimoniale. Il ne faut d’aucune manière se résigner à une courbe descendante, à une détérioration inévitable, à une médiocrité supportable. Au contraire, lorsque le mariage est assumé comme une mission, qui implique également de surmonter des obstacles, chaque crise est perçue comme l’occasion pour arriver à boire ensemble le meilleur vin.

. Dans une crise non assumée, c’est la communication qui est la plus affectée. Ainsi, peu à peu, celui qui était ‘‘la personne que j’aime’’ devient ‘‘celui qui m’accompagne toujours dans la vie’’, puis seulement ‘‘le père ou la mère de mes enfants’’ et finalement un étranger.

. En ces moments, il est nécessaire de créer des espaces pour communiquer cœur à cœur. Le problème est qu’il devient plus difficile de communiquer de cette façon durant une crise si on n’avait jamais appris à le faire. C’est tout un art qu’on apprend dans des moments de calme, pour le mettre en pratique dans les temps durs.

. Il est devenu fréquent que, lorsque quelqu’un sent qu’il ne reçoit pas ce qu’il désire, ou que ne se réalise pas ce dont il rêvait, cela semble suffisant pour mettre fin à un mariage. À cette allure, il n’y aura pas de mariage qui dure.

. Je supplie les parents séparés : « il ne faut jamais, jamais, jamais prendre un enfant comme otage ! Vous vous êtes séparés en raison de nombreuses difficultés et motifs, la vie vous a fait vivre cette épreuve, mais que les enfants ne soient pas ceux qui portent le poids de cette séparation, qu’ils ne soient pas utilisés comme otages contre l’autre conjoint, qu’ils grandissent en entendant leur maman dire du bien de leur papa, bien qu’ils ne soient pas ensemble, et que leur papa parle bien de leur maman ».

Enfants

. L’Évangile nous rappelle également que les enfants ne sont pas une propriété de la famille, mais qu’ils ont devant eux leur propre chemin de vie.

. L’Église est appelée à collaborer, par une action pastorale adéquate, afin que les parents eux-mêmes puissent accomplir leur mission éducative. Elle doit toujours le faire en les aidant à valoriser leur propre fonction, et à reconnaître que ceux qui ont reçu le sacrement de mariage deviennent de vrais ministres éducatifs, car lorsqu’ils forment leurs enfants, ils édifient l’Église.

. Les enfants, non seulement veulent que leurs parents s’aiment, mais aussi qu’ils soient fidèles et restent toujours ensemble.

. L’adoption est une voie pour réaliser la maternité et la paternité d’une manière très généreuse, et je voudrais encourager ceux qui ne peuvent avoir d’enfants à faire preuve de générosité et à ouvrir leur amour matrimonial en vue de recevoir ceux qui sont privés d’un milieu familial approprié. Ils ne regretteront jamais d’avoir été généreux.

. Grandir entre frères offre la belle expérience de nous protéger mutuellement, d’aider et d’être aidés.

. Il est inévitable que chaque enfant nous surprenne par les projets qui jaillissent de cette liberté, qui sortent de nos schémas, et il est bon qu’il en soit ainsi. L’éducation comporte la tâche de promouvoir des libertés responsables, qui opèrent des choix à la croisée des chemins de manière sensée et intelligente, de promouvoir des personnes qui comprennent pleinement que leur vie et celle de leur communauté sont dans leurs mains et que cette liberté est un don immense.

. Lorsqu’un enfant ne sent plus qu’il est précieux pour ses parents bien qu’il ne soit pas sans défaut, ou ne perçoit pas qu’ils nourrissent une préoccupation sincère pour lui, cela crée des blessures profondes qui sont à l’origine de nombreuses difficultés dans sa maturation. Cette absence, cet abandon affectif, provoque une douleur plus profonde qu’une éventuelle correction qu’il reçoit pour une mauvaise action.

. La correction est une stimulation lorsqu’on valorise et reconnaît aussi les efforts et que l’enfant découvre que ses parents gardent une confiance patiente. Un enfant puni avec amour sent qu’il est pris en compte, perçoit qu’il est quelqu’un, réalise que ses parents reconnaissent ses possibilités.

. L’un des témoignages dont les enfants ont besoin de la part des parents est de voir que ceux-ci ne se laissent pas mener par la colère.

. La famille est la première école des valeurs, où on apprend l’utilisation correcte de la liberté.

. Lorsque les enfants ou les adolescents ne sont pas éduqués à accepter que certaines choses doivent attendre, ils deviennent des gens impatients, qui soumettent tout à la satisfaction de leurs besoins immédiats et grandissent avec le vice du ‘‘je veux et j’ai’’. C’est une grave erreur qui ne favorise pas la liberté, mais l’affecte.

. La famille est le lieu de la première socialisation, parce qu’elle est le premier endroit où on apprend à se situer face à l’autre, à écouter, à partager, à supporter, à respecter, à aider, à cohabiter.

. Il est difficile de penser l’éducation sexuelle, à une époque où la sexualité tend à se banaliser et à s’appauvrir. Elle ne peut être comprise que dans le cadre d’une éducation à l’amour, au don de soi réciproque.

. L’éducation à la foi sait s’adapter à chaque enfant, car parfois les méthodes apprises ou les recettes ne fonctionnent pas.

. Il est fondamental que les enfants voient d’une manière concrète que pour leurs parents la prière est réellement importante.

. Je voudrais exprimer, de façon spéciale, ma gratitude à toutes les mères qui prient constamment, comme le faisait sainte Monique, pour leurs enfants qui se sont éloignés du Christ.

. L’effort de transmettre la foi aux enfants, dans le sens de faciliter son expression et sa croissance, aide à ce que la famille devienne évangélisatrice, et commence spontanément à la transmettre à tous ceux qui s’approchent d’elle et même en dehors du cercle familial.

Famille

. Une famille et une maison sont deux choses qui vont de pair. Cet exemple montre que nous devons insister sur les droits de la famille, et pas seulement sur les droits individuels. La famille est un bien dont la société ne peut pas se passer, mais elle a besoin d’être protégée.

. Personne ne peut penser qu’affaiblir la famille comme société naturelle fondée sur le mariage soit une chose qui favorise la société. C’est le contraire qui arrive : cela porte préjudice à la maturation des enfants, à la culture des valeurs communautaires, et au développement moral des villes et des villages.

. Beaucoup d’hommes sont conscients de l’importance de leur rôle dans la famille et le vivent avec les qualités spécifiques du caractère masculin. L’absence du père marque gravement la vie familiale, l’éducation des enfants et leur insertion dans la société. Son absence peut être physique, affective, cognitive et spirituelle. Cette carence prive les enfants d’un modèle de référence du comportement paternel ».

. Avoir patience, ce n’est pas permettre qu’on nous maltraite en permanence, ni tolérer les agressions physiques, ni permettre qu’on nous traite comme des objets. Le problème survient lorsque nous exigeons que les relations soient idylliques ou que les personnes soient parfaites, ou bien quand nous nous mettons au centre et espérons que notre seule volonté s’accomplisse. Alors, tout nous impatiente, tout nous porte à réagir avec agressivité. Si nous ne cultivons pas la patience, nous aurons toujours des excuses pour répondre avec colère, et en fin de compte nous deviendrons des personnes qui ne savent pas cohabiter, antisociales et incapables de refréner les pulsions, et la famille se convertira en champ de bataille.

. La logique de domination des uns par les autres, ou la compétition pour voir qui est le plus intelligent ou le plus fort, ne peut pas régner dans la vie familiale, parce que cette logique met fin à l’amour.

. Quand on a été offensé ou déçu, le pardon est possible et souhaitable, mais personne ne dit qu’il est facile. La vérité est que « seul un grand esprit de sacrifice permet de sauvegarder et de perfectionner la communion familiale. Elle exige en effet une ouverture généreuse et prompte de tous et de chacun à la compréhension, à la tolérance, au pardon, à la réconciliation. Aucune famille n'ignore combien l'égoïsme, les dissensions, les tensions, les conflits font violence à la communion familiale et peuvent même parfois l'anéantir : c'est là que trouvent leur origine les multiples et diverses formes de division dans la vie familiale ».

. Nous savons aujourd’hui que pour pouvoir pardonner, il nous faut passer par l’expérience libératrice de nous comprendre et de nous pardonner à nous-mêmes. Souvent nos erreurs, ou le regard critique des personnes que nous aimons, nous ont conduit à perdre l’amour de nous-mêmes. Cela fait que nous finissons par nous méfier des autres, fuyant l’affection, nous remplissant de peur dans les relations interpersonnelles.

. Celui qui sait qu’on se méfie toujours de lui, qu’on le juge sans compassion, qu’on ne l’aime pas de manière inconditionnelle, préférera garder ses secrets, cacher ses chutes et ses faiblesses, feindre ce qu’il n’est pas. En revanche, une famille où règne fondamentalement une confiance affectueuse, et où on se refait toujours confiance malgré tout, permet le jaillissement de la véritable identité de ses membres et fait que, spontanément, on rejette la tromperie, la fausseté ou le mensonge.

. C’est impossible une famille qui ne rêve pas. Quand la capacité de rêver se perd dans une famille, les enfants ne grandissent pas, l’amour ne grandit pas, la vie s’affaiblit et s’éteint ».

. Le petit noyau familial ne devrait pas s’isoler de la famille élargie, incluant les parents, les oncles, les cousins, ainsi que les voisins. Dans cette grande famille, il peut y avoir des personnes qui ont besoin d’aide, ou au moins de compagnie et de gestes d’affection ; ou bien il peut y avoir de grandes souffrances qui appellent une consolation.

. il est bon d’interrompre la routine par la fête, de ne pas perdre la capacité de célébrer en famille, de se réjouir et de fêter les belles expériences. Ils ont besoin de se faire réciproquement des surprises par les dons de Dieu et d’alimenter ensemble la joie de vivre. Lorsqu’on sait célébrer, cette capacité renouvelle l’énergie de l’amour, le libère de la monotonie et remplit la routine quotidienne de couleurs ainsi que d’espérance.

. L’histoire d’une famille est jalonnée de crises en tout genre, qui font aussi partie de sa dramatique beauté. Il faut aider à découvrir qu’une crise surmontée ne conduit pas à une relation de moindre intensité mais conduit à améliorer, affermir et mûrir le vin de l’union. On ne cohabite pas pour être toujours moins heureux, mais pour apprendre à être heureux d’une nouvelle manière, à partir des possibilités qu’ouvre une nouvelle étape.

. Savoir pardonner et se sentir pardonné constitue une expérience fondamentale dans la vie familiale

. La famille doit inventer quotidiennement de nouvelles manières de promouvoir la reconnaissance réciproque.

. Aucune famille n’est une réalité céleste et constituée une fois pour toutes, mais la famille exige une maturation progressive de sa capacité d’aimer.

Dieu, Eglise et famille

. Le milieu vital d’une famille pouvait être transformé en Église domestique, en siège de l’Eucharistie, de la présence du Christ assis à la même table.

. La famille est appelée à partager la prière quotidienne, la lecture de la Parole de Dieu et la communion eucharistique pour faire grandir l’amour et devenir toujours davantage un temple de l’Esprit.

. Dans le monde actuel, on apprécie également le témoignage des mariages qui, non seulement ont perduré dans le temps, mais qui continuent aussi à soutenir un projet commun et conservent l’amour. Cela ouvre la porte à une pastorale positive, accueillante, qui rend possible un approfondissement progressif des exigences de l’Évangile. Cependant, nous avons souvent été sur la défensive, et nous dépensons les énergies pastorales en multipliant les attaques contre le monde décadent, avec peu de capacité dynamique pour montrer des chemins de bonheur. Beaucoup ne sentent pas que le message de l’Église sur le mariage et la famille est un reflet clair de la prédication et des attitudes de Jésus, qui, en même temps qu’il proposait un idéal exigeant, ne renonçait jamais à une proximité compatissante avec les personnes fragiles, comme la samaritaine ou la femme adultère.

. Une chose est de comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie, autre chose est d’accepter des idéologies qui prétendent diviser les deux aspects inséparables de la réalité. Ne tombons pas dans le péché de prétendre nous substituer au Créateur. Nous sommes des créatures, nous ne sommes pas tout-puissants. La création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout l’accepter et la respecter comme elle a été créée.

. Si nous acceptons que l’amour de Dieu est inconditionnel, que la tendresse du Père n’est ni à acheter ni à payer, alors nous pourrons aimer par-dessus tout, pardonner aux autres, même quand ils ont été injustes contre nous.

. e mariage est un signe précieux, parce que « lorsqu’un homme et une femme célèbrent le sacrement de mariage, Dieu pour ainsi dire, se ‘‘reflète’’ en eux, il imprime en eux ses traits et le caractère indélébile de son amour. Le mariage est l’icône de l’amour de Dieu pour nous.

. Les familles nombreuses sont une joie pour l’Église. En elles, l’amour exprime sa généreuse fécondité.

. La grossesse est une étape difficile, mais aussi un temps merveilleux. La mère collabore avec Dieu pour que se produise le miracle d’une nouvelle vie.

. L’amour des parents est un instrument de l’amour de Dieu le Père qui attend avec tendresse la naissance de tout enfant, l’accepte sans conditions et l’accueille gratuitement.

. À toute femme enceinte, je voudrais demander affectueusement : protège ta joie, que rien ne t’enlève la joie intérieure de la maternité. Cet enfant mérite ta joie. Ne permets pas que les peurs, les préoccupations, les commentaires d’autrui ou les problèmes éteignent cette joie d’être un instrument de Dieu pour apporter une nouvelle vie au monde.

. Un mariage qui expérimente la force de l’amour sait que cet amour est appelé à guérir les blessures des personnes abandonnées, à instaurer la culture de la rencontre, à lutter pour la justice. Dieu a confié à la famille le projet de rendre le monde ‘‘domestique’’,[205] pour que tous puissent sentir chaque homme comme frère

. Par le témoignage, et aussi par la parole, les familles parlent de Jésus aux autres, transmettent la foi, éveillent le désir de Dieu et montrent la beauté de l’Évangile ainsi que le style de vie qu’il nous propose. Ainsi, les couples chrétiens peignent le gris de l’espace public, le remplissant de la couleur de la fraternité, de la sensibilité sociale, de la défense de ceux qui sont fragiles, de la foi lumineuse, de l’espérance active. Leur fécondité s’élargit et se traduit par mille manières de rendre présent l’amour de Dieu dans la société.

. Bien des fois, ce sont les grands-parents qui assurent la transmission des grandes valeurs à leurs petits-enfants, et « beaucoup peuvent constater que c’est précisément à leurs grands-parents qu’ils doivent leur initiation à la vie chrétienne ».

. Chaque mariage est une ‘‘histoire de salut’’, et cela suppose qu’on part d’une fragilité qui, grâce au don de Dieu et à une réponse créative et généreuse, fait progressivement place à une réalité toujours plus solide et plus belle.

. La transmission de la foi suppose que les parents vivent l’expérience réelle d’avoir confiance en Dieu, de le chercher, d’avoir besoin de lui, car c’est uniquement ainsi qu’un âge à l'autre vantera ses œuvres, fera connaître ses prouesses

. La présence du Seigneur se manifeste dans la famille réelle et concrète, avec toutes ses souffrances, ses luttes, ses joies et ses efforts quotidiens. Lorsqu’on vit en famille, il est difficile d’y feindre et d’y mentir ; nous ne pouvons pas porter un masque. Si l’amour anime cette authenticité, le Seigneur y règne avec sa joie et sa paix. La spiritualité de l’amour familial est faite de milliers de gestes réels et concrets.

. Si la famille parvient à se concentrer dans le Christ, il unifie et illumine toute la vie familiale. Les douleurs et les angoisses sont vécues en communion avec la Croix du Seigneur, et l’embrasser permet d’affronter les pires moments.

. Il y a un point où l’amour des conjoints atteint sa plus grande libération et devient un lieu d’autonomie saine : lorsque chacun découvre que l’autre n’est pas sien, mais qu’il a un maître beaucoup plus important, son unique Seigneur.

. C’est une profonde expérience spirituelle de contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et de reconnaître le Christ en lui. Cela demande une disponibilité gratuite qui permette de valoriser sa dignité.

Famille et société

. L’affaiblissement de la présence maternelle avec ses qualités féminines est un risque grave pour notre monde. J’apprécie le féminisme lorsqu’il ne prétend pas à l’uniformité ni à la négation de la maternité. Car la grandeur de la femme implique tous les droits qui émanent de son inaliénable dignité humaine, mais aussi de son génie féminin, indispensable à la société.

. Dieu place le père dans la famille pour que, par les caractéristiques précieuses de sa masculinité, « il soit proche de son épouse, pour tout partager, les joies et les douleurs, les fatigues et les espérances. Et qu’il soit proche de ses enfants dans leur croissance : lorsqu’ils jouent et lorsqu’ils s’appliquent, lorsqu’ils sont insouciants et lorsqu’ils sont angoissés, lorsqu’ils s’expriment et lorsqu’ils sont taciturnes, lorsqu’ils osent et lorsqu’ils ont peur, lorsqu’ils commettent un faux pas et lorsqu’ils retrouvent leur chemin ; un père présent, toujours. Dire présent n’est pas la même chose que dire contrôleur ! Parce que les pères qui contrôlent trop anéantissent leurs enfants ».

. L’individualisme de ces temps conduit parfois à s’enfermer dans un petit nid de sécurité et à sentir les autres comme un danger gênant. Toutefois, cet isolement n’offre pas plus de paix et de bonheur, mais plutôt ferme le cœur de la famille et la prive de l’ampleur de l’existence.

. Le lien vertueux entre les générations est une garantie [d’avenir], et c’est une garantie d’une histoire vraiment humaine. Une société d’enfants qui n’honorent pas leurs parents est une société sans honneur […].

. Le phénomène des orphelins contemporains, en termes de discontinuité, de déracinement et d’effondrement des certitudes qui donnent forme à la vie, nous place devant le défi de faire de nos familles un lieu où les enfants peuvent s’enraciner dans le sol d’une histoire collective.